Après chaque achat, c'est la même chose : un bref regard sur l'étiquette avant le passage en machine, puis un grand coup de ciseaux une fois le vêtement enfilé. Dans l'Union européenne, seule l'étiquette de composition est obligatoire, précise la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). L'étiquette d'entretien, elle, est facultative, « mais fortement conseillée pour éviter d'engager la responsabilité du professionnel en cas d'incident lié à l'entretien du produit ». Quant au fameux « Made in », il est là aussi à l'initiative de chaque marque. « Un vêtement a traversé de nombreux pays avant d'être mis en rayon, explique Nayla Ajaltouni, déléguée générale du collectif Éthique sur l'étiquette. Il faudrait mettre l'ensemble de la chaîne de production, et surtout les conditions de travail. » Ce n'est pas parce qu'un vêtement est réalisé près de chez vous qu'il coche toutes les cases de la mode responsable.

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Un Eco-score pour y voir plus clair                                                                                                                         

Sous l'impulsion de la loi Climat et résilience, publiée au « Journal officiel » le 24 août 2021, ce grand flou autour de l'étiquette pourrait bientôt changer. Parmi les mesures clés, l'article 2 préconise la création d'un Eco-score « pour afficher l'impact sur l'environnement des biens et des services consommés par les Français », notamment dans le secteur de l'habillement et des chaussures. Soit la version mode du Nutri-Score, contenant des « informations environnementales, notamment le cycle du produit, les émissions de gaz à effet de serre, l'impact sur les ressources énergétiques ou la consommation d'eau », précise Éloïse Moigno, fondatrice de SloWeAre, label RSE de mode responsable, coauteure de « La Face cachée des étiquettes » (éd. SloWeAre). Réputée opaque, l'industrie de la mode se voit aujourd'hui soumise à une demande de transparence de plus en plus grande de la part des consommateurs. L'occasion pour certaines marques de tirer leur épingle du jeu, avec un QR Code qui, flashé, permet de retracer le parcours d'un vêtement depuis sa fabrication, la liste des matières utilisées… Apposé sur les pièces siglées Patou, maison française du groupe LVMH, il dévoile le cycle de fabrication du produit, du dessin original à l'interview de l'artisan qui a œuvré à sa réalisation. Début 2022, le groupe SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot, Fursac) a annoncé vouloir déployer le même procédé sur tous ses vêtements d'ici à 2025. Le QR Code est-il l'avenir de l'étiquette ?            « C'est en tout cas une très bonne façon d'informer le citoyen, souligne Nayla Ajaltouni. Mais attention à ce que ces informations soient valables ! »