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Amazon : « Derrière le héros du néolibéralisme 2.0 se cache une vision du monde que nous devons combattre »

Un collectif d’associations, d’ONG, d’intellectuels, parmi lesquels Ken Loach, Christophe Alévêque et Alain Damasio, condamne, à l’occasion du « Black Friday », le modèle économique et les pratiques sociales et fiscales du géant du commerce en ligne.

Publié le 15 novembre 2019 à 07h00, modifié le 28 novembre 2019 à 11h51 Temps de Lecture 3 min.

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« Des élus et des membres du gouvernement préfèrent couper le ruban plutôt que de s’interroger sur la disparition de milliers de commerces de proximité pourvoyeurs d’emplois et de lien social partout en France » (Le secrétaire d’Etat au numérique Cedric O, lors de l’inauguration de l’entrepôt géant d’Amazon à Brétigny-sur-Orge le 22 octobre).

Tribune. La satisfaction du client est l’obsession affichée par Jeff Bezos, le patron d’Amazon, géant du e-commerce aux 180 millions de références. Sa stratégie : le « day one », soit la maximisation des cadences de préparation des colis pour livrer en moins d’un jour, moins d’une heure et peut-être moins d’une demi-heure grâce à des drones de livraison. Son ambition : créer un écosystème complet avec des maisons connectées, des e-books, de la musique, des séries, des films… pour générer toujours plus de commandes de ses produits à bas prix.

Mais derrière le héros du néolibéralisme 2.0 se cache une vision du monde que nous devons combattre.

Malgré les récentes promesses de Jeff Bezos sur les énergies renouvelables ou la compensation de ses émissions, le monde d’Amazon reste un désastre écologique. La multinationale a vendu plus de 11 milliards de produits en 2018. Ses prix bas, ses promotions quotidiennes, poussent à la surconsommation et contribuent à la hausse des émissions de CO2 en démultipliant l’extraction des ressources, les transports par bateaux, avions ou camions.

Echapper à l’impôt

Amazon Web Services (AWS) est également numéro un mondial du cloud et ses data centers ont généré autant de gaz à effet de serre que le Portugal en 2018. AWS fournit ses services à Palantir, une société sulfureuse qui aide Donald Trump à identifier et arrêter des migrants traversant illégalement la frontière.

Retrouvez nos tribunes sur le « Black Friday »

– Black Friday : « Réfléchissons à quel modèle nous voulons pour notre commerce de demain », par Ismaël Ould, président de Wynd, start-up parisienne, spécialisée dans la numérisation des réseaux de magasins.

– Black Friday : « Le besoin de proximité montre que la formule de l’épicerie de Potin n’a jamais été aussi contemporaine », par Mathieu Mercuriali (Architecte, chercheur au LIAT, maître de conférences associé à l’ENSA Paris-Malaquais) et Giulio Zucchini (Journaliste, spécialiste de l’innovation et de la communication numériques).

– Black Friday : « Le principe du pollueur payeur doit aussi s’appliquer au e-commerce », par Jean-Louis Missika, adjoint à la Mairie de Paris, chargé de l’urbanisme, de l’architecture, des projets du Grand Paris, de développement économique et président de Paris en commun ; Ariel Weil, maire du 4e arrondissement, tête de liste pour Paris en Commun dans Paris centre et Diana Filippova, cofondatrice de l’agence de communication Stroïka.

– Amazon : « Derrière le héros du néolibéralisme 2.0 se cache une vision du monde que nous devons combattre », par un collectif d’associations, d’ONG, d’intellectuels, parmi lesquels Ken Loach, Christophe Alévêque, Henri Sterdyniak, Claire Nouvian et Alain Damasio.

« Les chaînes de restauration rapide montrent un mépris absolu pour l’urgence écologique », par Flore Berlingen (Directrice de Zero Waste France), Antidia Citores (Porte-parole de Surfrider Foundation Europe) et Michel Dubromel (Président de France Nature Environnement).

A lire aussi :

Achats de Noël : plaidoyer pour un Black Friday à la française, par Cécile Prudhomme

– Black Friday : « Le capitalisme génère des besoins artificiels non soutenables écologiquement ». Entretien avec Razmig Keucheyan, sociologue à l’université de Bordeaux, propos recueillis par Nicolas Santolaria.

« Hypocrisie ambiante autour du “Black Friday” », par Philippe Escande.

On estime que pour un emploi créé par la firme de Jeff Bezos, deux emplois sont détruits dans le secteur commercial. Les salariés d’Amazon, dont de nombreux intérimaires, enchaînent des tâches cadencées par les algorithmes de leurs scanners. Dans ses nouveaux entrepôts, ils deviennent des auxiliaires de 100 000 robots de préparation des commandes. Et, bientôt, les livreurs, déjà nombreux à être ubérisés, pourront être remplacés par des drones.

Echapper à l’impôt et aux contraintes légales est une véritable obsession pour le libertarien Jeff Bezos. En bonne multinationale, Amazon déclare artificiellement ses profits dans des paradis fiscaux comme le Luxembourg en Europe ou le Delaware aux Etats-Unis. En France, Amazon a annoncé unilatéralement qu’elle répercuterait la modique taxe GAFA [Google, Apple, Facebook et Amazon] sur ses fournisseurs. A Seattle, où est situé son siège, Amazon a fait annuler une taxe sur les multinationales en faveur des sans-abri pourtant votée à l’unanimité par le conseil municipal.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Amazon : « Le diable est dans les emplois »

Douze ans après l’ouverture de son premier entrepôt français à Saran (Loiret), Amazon a inauguré, en présence du secrétaire d’Etat au numérique Cédric O, un entrepôt géant équipé de 4 000 robots à Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne. De nouveaux sites doivent voir le jour à Fournès, dans le Gard et près de Metz, en Moselle. Nous ne nous mobilisons pas contre les 7 500 salariés d’Amazon, qui cible des bassins d’emploi sinistrés pour s’implanter à moindres frais. Mais les emplois promis par Amazon conduisent à l’aveuglement des élus et des membres du gouvernement qui préfèrent couper le ruban plutôt que de s’interroger sur la disparition de milliers de commerces de proximité pourvoyeurs d’emplois et de lien social partout en France.

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