Collectif Éthique sur l’étiquette

« H&M : « UNconscious Collection »

La mode insoutenable

Alors qu’H&M fait la promotion, avec Vanessa Paradis, de sa Conscious Collection, ligne de vêtements « socialement et écologiquement soutenables », des centaines d’ouvrières perdent connaissance dans les usines qui confectionnent ses vêtements au Cambodge, faute d’un salaire suffisant pour se nourrir correctement.

« Nous voulons que nos clients puissent être sûrs que tout ce qu’ils achètent chez nous est fabriqué dans le respect des êtres humains et de l’environnement »(1), proclame Karl-Johan Persson, le PDG de H&M. Avec sa collection « Conscious » (conscient), la marque communique haut et fort sur sa responsabilité sociale et écologique. C’est à se demander si H&M est vraiment consciente des conditions de travail des ouvrières et ouvriers qui fabriquent ses vêtements au Cambodge.

Sous-alimenté-e-s et surmené-e-s
Au Cambodge, les produits de la confection représentent plus de 85 % des exportations totales de marchandises du pays. Mais cette industrie ne profite pas à tout le monde : maintenu-e-s dans la pauvreté par des salaires de misère, les ouvriers-ères s’épuisent à la tâche. Plus de 2 900 cas d’évanouissement par épuisement ont ainsi été recensés depuis 2011, dont plusieurs centaines dans des usines où H&M se fournit. Le phénomène a pris une telle ampleur qu’il a été largement médiatisé dans le pays.

Les organisations locales en lutte
Sur place, les travailleurs-ses s’organisent. Il y a deux ans, plus de 200 000 personnes prenaient ainsi part à d’immenses grèves pour protester contre les mauvaises conditions de travail et les salaires insuffisants. Depuis, les syndicats continuent à se battre pour que le salaire minimum légal atteigne 150 dollars. Le 21 mars, à l’issue de négociations tripartites, celui-ci a été porté de 61 à 75 $, bien en-deçà des 215 $ dont un-e ouvrier-ère cambodgien-ne et sa famille ont besoin pour assurer leurs besoins fondamentaux, selon l’Asia Floor Wage Alliance. D’autant que ce salaire minimum perd chaque année de sa valeur réelle à cause de l’inflation.

H&M, Gap, Levi’s et Zara : une responsabilité considérable
Contrairement à d’autres pays, le Cambodge dispose d’atouts pour que la situation change : le taux de syndicalisation est élevé et l’Organisation internationale du travail (OIT) y pilote un programme d’amélioration des conditions de travail. Mais pour que la situation des travailleurs évolue réellement, il est indispensable que les grandes marques de prêt-à-porter qui se fournissent dans le pays modifient leurs pratiques, en cessant la pression à la baisse exercée sur les coûts et les délais de production. H&M, Gap, Levi’s et Zara font partie des principaux acheteurs d’habillement au Cambodge. Avec des bénéfices qui se chiffrent en milliards d’euros – 2 milliards pour H&M en 2012 – ces entreprises ont les moyens de verser un salaire décent à celles et ceux qui fabriquent leurs produits.

A nous d’agir
« Les consommateurs ont un pouvoir de pression considérable, particulièrement dans les pays occidentaux » explique Phork Hoeurng, coordinatrice du Centre d’information des travailleurs.

En tant que citoyen-ne-s et consommateurs-trices, exigeons des marques qu’elles versent un salaire décent aux travailleurs cambodgiens. Signez la lettre adressée aux marques et diffusez-là !


Documents à télécharger

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