Communiqué de presse - 19 septembre 2019
5 ans après le rapport « Salaires sur mesure » publié en 2014, le rapport « Un salaire vital dans l’industrie textile mondiale » publié ce jour montre une stagnation regrettable du point de vue d’un droit fondamental des travailleur-euse-s de l’industrie : si les engagements des enseignes à garantir un salaire vital chez leurs fournisseurs se sont accrus, aucune des 45 entreprises interrogées ne s’assure de sa mise en œuvre. Ce nouveau rapport montre bien qu’au-delà des déclarations d’engagement, c’est un modèle économique fondé sur la recherche de moindres coûts de production qu’il faut faire évoluer, en imposant des règles contraignantes aux multinationales.
En dépit de la reconnaissance par les enseignes d’habillement de son caractère crucial, alors que les mobilisations de travailleur-euse-s exigeant un salaire qui leur permette de vivre dignement ne faiblissent pas au Bangladesh ou au Cambodge, les résultats de ce nouveau rapport de Public Eye et de la Clean Clothes Campaign sont très décevants. Parmi les 45 entreprises interrogées, seules 2 indiquent qu’une part significative des ouvrier-e-s de leur chaîne d’approvisionnement reçoit un salaire vital et annoncent un délai pour sa mise en œuvre chez l’ensemble de leurs fournisseurs.
Cette avancée bien maigre ne fait qu’entériner un constat : malgré la prise de conscience accrue des citoyen-ne-s, malgré les débats médiatiques, les appels du pied des pouvoirs publics et l’interpellation des ONG, l’industrie ne semble pas décidée à considérer son rôle dans l’exploitation massive des travailleur-euse-s du secteur. La question n’est pourtant pas nouvelle, et la situation, urgente. Au Bangladesh, au Cambodge ou en Turquie, les salaires minimum devraient être multipliés par trois à cinq pour atteindre le niveau d’un salaire vital. Si des progrès sont à reconnaître en matière de transparence sur la chaîne d’approvisionnement – le salaire pratiqué dans les usines des fournisseurs demeure, lui, une donnée taboue – les pratiques d’achats des multinationales n’évoluent pas, et pour cause : cela reviendrait à remettre en question le modèle à l’origine de leurs profits. Rappelons que lors de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013, les travailleurs du 2ème pays exportateur de textile au monde gagnaient à peine 28 euros par mois. Une misère.
Les engagements ne font pas une politique. C’est pourquoi il est urgent de s’attacher à élaborer des obligations contraignantes telles que celles contenues dans la loi française sur le devoir de vigilance adoptée en 2017, et de les généraliser en Europe et à l’international.
En ce sens, il est essentiel d’œuvrer à l’adoption du Traité onusien sur les multinationales et les droits humains en négociation depuis 2014, qui responsabiliserait les acteurs économiques pour les impacts sociaux et environnementaux de leur activité partout dans le monde. Plus de 500 000 citoyen-ne-s en Europe sont mobilisés dans le cadre de la campagne #StopImpunité pour demander l’adoption de ce Traité soutenu par plus de 900 organisations de la société civile dans le monde.