Les sponsors laissent (encore) les travailleurs sur la touche
Formidable vitrine pour les ventes de leurs articles et vêtements de sport, les compétitions sportives mondiales sont des événements en or pour les équipementiers, dans un marché mondial qui aujourd’hui pèse 17 milliards d’euros par an, deux fois plus qu’en 2007. À sa tête, Nike et Adidas se partagent près de 60 % du marché européen. Les deux géants affichent des performances financières presque indécentes ; le premier enregistre la 5ème plus forte progression de Wall Street en dix ans, devant Google. Leurs chiffres d’affaires ont été multipliés par 2 en 10 ans.
Comment ? Grâce à une politique agressive de sponsoring, en dépensant des sommes folles pour associer leur image à des célébrités sportives ou du show business. Cette stratégie d’omniprésence leur permet de doper leurs ventes, et leur cours en bourse, dans un modèle orienté en priorité vers la rémunération de leurs actionnaires. Les dividendes versés par Nike ont ainsi été multipliés par 3 entre 2007 et 2017.
Pourtant, dans leurs chaînes de sous-traitance, les ouvrier-e-s sont loin de bénéficier de cette santé économique. Ces marques désertent la Chine où les salaires tutoient désormais des niveaux proches du salaire vital, pour l’Indonésie, le Cambodge ou le Vietnam, où les salaires moyens sont inférieurs de 45% à 65% au salaire vital.
Les chiffres de notre rapport Anti-jeu sont éloquents : la part revenant aux travailleur.euse.s des usines de confections sur le prix d’une basket a baissé de 30 % entre 1995 et 2017 ! Sur un maillot Adidas de la coupe du Monde vendu 90 euros, les travailleur.euse.s ne touchent que 0,8 euros, tandis qu’Adidas empoche 18 euros de bénéfice. Avec le contrat à vie qu’il a signé avec Nike, Cristiano Ronaldo gagne en un jour ce qu’un travailleur gagnant le salaire minimum moyen en Europe réunira en 6 ans. Si Adidas et Nike avaient maintenu les mêmes montants de sponsoring entre 2012 et 2017, 1 million de travailleurs en Asie auraient pu recevoir un salaire vital pendant 1 an.
Cet écart est inacceptable. Nike comme Adidas, comme les autres équipementiers sportifs, doivent permettre à ceux qui contribuent au premier plan à leur croissance économique, de vivre dignement du fruit de leur travail, en gagnant un salaire vital.
Pour la coupe du monde féminine de football, la campagne « Anti-jeu » demande à Nike, qui sponsorise 14 des 24 équipes en compétition, ainsi qu’aux grands équipementiers sportifs, d’adopter, en tant que donneur d’ordres, des pratiques garantissant un salaire vital aux ouvrières qui contribuent au premier plan à sa croissance économique sans égal dans les chaînes de sous-traitance de l’habillement.
Les textes adoptés par la communauté internationale édictent que les multinationales ont l’obligation de respecter les droits fondamentaux, et ne peuvent se soustraire à leur responsabilité à contribuer à l’intérêt général. Nike et Adidas n’en sont pas exempts.
Agissez avec nous ! Envoyez un message à Hannah Jones, responsable de la responsabilité sociale chez Nike, pour lui demander de garantir un salaire vital aux ouvriers qui fabriquent leurs produits.
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