Communiqué de presse - 22 mars 2016
Forte de ses vingt-cinq ans d’expérience dans le secteur, la Clean Clothes Campaign porte un regard critique sur ce label : il repose sur des audits sociaux insuffisants, reporte la responsabilité et les coûts de sa mise en œuvre sur les fournisseurs, et ne garantit pas le versement d’un salaire vital. Il ne représente par conséquent aucune avancée pour les travailleuses et les travailleurs.
Consultée dans le cadre de l’élaboration de ce nouveau standard, la Clean Clothes Campaign (CCC), coordonnée en France par le Collectif Ethique sur l’étiquette, a déjà fait part de ses réserves à l’organisation faîtière Fairtrade International. Afin d’améliorer les conditions de travail dans l’industrie textile, il est nécessaire d’impliquer l’ensemble du secteur et de contraindre les marques à revoir leur modèle d’affaires. Le nouveau standard publié aujourd’hui ne prévoit rien de tel.
Un instrument inadéquat
Le standard Fairtrade pour le textile certifiera certaines chaînes de production, plutôt que de tenir compte de l’ensemble des activités des marques de prêt-à-porter. Cette approche est insuffisante pour lutter efficacement contre les violations des droits humains et des droits du travail. Le nouveau standard permettra à des entreprises textiles d’estampiller « Fairtrade » certains produits ou certaines chaînes d’approvisionnement, et de polir ainsi leur image à bon compte, tout en continuant à mener 99 pourcent de leurs activités sans rien changer à leurs pratiques.
Des responsabilités reportées sur les fournisseurs
Le nouveau standard ne contraint pas les marques à respecter les droits du travail et ne garantit pas le versement d’un salaire vital aux couturières. Il impose en revanche des contraintes coûteuses aux fournisseurs, sans exiger des sociétés donneuses d’ordre qu’elles revoient leurs pratiques d’achat problématiques.
Des contrôles insuffisants
Pour être efficace, un standard doit inclure des mécanismes de mise en œuvre et de contrôle fiables. Fairtrade International mise essentiellement sur les audits sociaux, bien que leur insuffisance ait été prouvée à maintes reprises. Si le standard prévoit aussi des programmes d’accompagnement, rien n’assure leur financement et leur mise en œuvre à long terme, des conditions pourtant essentielles pour faire évoluer la situation.
Absence de garantie d’un salaire vital
Accorder un label Fairtrade sans qu’un salaire vital ne soit versé aux couturières est trompeur pour les consommateurs et les consommatrices. Le standard tolère en effet une période transitoire de six ans entre le moment de la certification d’un vêtement et l’obligation du paiement effectif d’un salaire vital. Il prévoit en outre qu’un plan de mise en œuvre soit conclu entre les dirigeants des usines et les représentants des employés. Les usines n’auront cependant aucune garantie que leurs clients – les marques – continuent à se fournir auprès d’elles si la hausse des coûts de la main-d’œuvre engendrée fait augmenter leurs prix.
– Plus d’informations ici (article de nos collègues suisses de la Déclaration de Berne)